dimanche, octobre 15, 2006

J ERIC MILLER




Decomposition est, avec A Spy in the Ruins, Only Revolutions et bientôt Against the Day, l’un des évenements littéraires de l’année. Après Bloodletting et Fruits of Lebanon l’année dernière (Faites vite, il en reste un exemplaire sur Amazon et l’éditeur a fait faillite), Miller retrouve le style qui faisait toute la force d’Animal Rights and Pornography. Avec cette histoire d’une jeune fille quittant la Floride pour Seattle, le corps de son boyfriend dans le coffre de sa voiture, il poursuit un travail sur l’obscénité, l’abjection, le macabre, propre à faire passer pour une œuvre de la Comtesse de Ségur les plages les plus noires de Brian Evenson. Ce road movie ou l’esprit de la conductrice se désagrège et se décompose à peu près aussi rapidement que le corps qu’elle transporte est sans doute ce qu’il y a de plus plus extrême dans la littérature contemporaine, une œuvre malade et morbide, le miroir idéal à tendre à une société désireuse de se démaquiller. Miroir, miroir, dis moi qui est la plus cruelle. On peut trouver Decomposition cru, certes, comme on peut trouver cru Le Sang des Bêtes de Franju, il ne faut juste pas oublier que c’est la même chose que l’on retrouve cuite chaque jour dans son assiette. Si vous cherchiez pour qui l’expression « sans concessions » a été inventée.




Mention spéciale à Animal Rights and Pornography, paru chez Soft Skull, indispensable exercice de vivisection littéraire.

Jason Eric Miller est le fils d’un taxidermiste. Il a grandi dans une cabane dans les bois du Colorado. Après avoir passé deux ans à enseigner le creative writing à l’université américaine de Beyrouth, il enseigne aujourd’hui à des apprentis scénaristes à Kennesaw State University. Son homonyme, l’acteur Jason Miller, jouait le père Karras dans l’Exorcisme : le hasard n’existe pas.

Le blog : http://jericmiller.blogspot.com



P.S : Quelqu’un m’en dira-t-il plus sur le mystérieux CK Gauntt, auteur de l’intriguant « "the descent of the hands" ?