lundi, avril 16, 2007

POUR BURROUGHS?



A L.A

Non, le mystère n’est pas mort. Dans le cour normale de la vie telle que l’ont faite à leur triste image ceux qui se sont institués les tenants de ce Monde, on ne tient pas assez compte du mystère. Il revient sans cesse, des profondeurs. L’abîme un peu partout s’offre aux pieds insouciants de tous. Il y a quelque chose qui boîte légèrement dans l’univers, dans la psyché, dans l’âme. Et rien ne sert de mettre une cale morale ou idéologique à cette machine branlante, de glisser le code civil sous le talon de l’inconnu, nul ne peut compenser la claudication perpétuelle de la vie. Tout d’un coup quelque chose se détraque dans le visage le plus pur. Attention à la raison, aux convenances, à la morale, à la langue même, mon cher : cela bascule. Fini les belles dents de la sociabilité. Il y a une heure ou n’importe qui à sa chance, la chance de voir sa vie basculer, il suffit d’un signe, d’un signe de n’importe qui. Il y a une heure pour l’abîme. Le mystère est dans cet instant soudain où tout semble heureusement se détraquer. Alors l’échelle des gestes et des paroles change. Et leur nature. Tout se passe comme si vous étiez le vaincu d’une bête énorme. La défaite serait dans le dégoût.