jeudi, octobre 26, 2006

DALLAS


« Kennedy was shot on film. Oswald was shot on TV. Does this mean anything ? » Don deLillo.

CREAMY


En réponse à quelques mails (désolé de ne pas y répondre ne direct, faute de temps) :

Oui, Creamy and Delicious est un hommage à Steve Katz, le premier à m’avoir servi de guide dans le monde enchanté de la littérature américaine, Pugnax est bien le nom du chien d’Against the day, dont j’ai lu les premières pages sur épreuves chez son éditeur italien, enfin oui Slick Gomez est bien le pseudo de Tom Robbins utilisé pour écrire les scénarios de Still Life with Woodepcker, Jitterbug Perfume et Another Roadside Attraction, trois unproduced parmi les plus géniaux et improbables que j’ai eu le bonheur de lire. Avec ceux de Paul Bartel.
Entre Los Angeles (l’été), Rome (L’hiver) et Paris (la cinquième saison), je prépare actuellement une exposition de scénarios jamais tournés, qui verra le jour à Rome en 2007, un livre sur le sujet, et une Outlaw Bible of American Litterature pour Thunder’s Mouth Press. Enfin je ne désespère pas boucler un tour de table financier pour lancer à Paris une revue de littérature américaine digne de ce nom.
Fin du CV.
Pour le reste :
-Moi aussi entre Blood Meridian et The Road mon sœur balance, évidemment The Origin of the Brunists et Pricksongs & Descants, bien sûr. (Fausto M.)
-Je n’ai rien en particulier contre Olivier Cohen, hormis cette image un peu gonflée qu’il se donne (ou qu’on lui donne, en la matière il faut se méfier), de grand défricheur de la littérature américaine pour une production très moyenne (et dans l’ensemble même moins courageuse et iconoclaste que les étrangers du Seuil) qui doit touy aux agents, rien à une véritable curiosité. De l’autre côté de l’Atlantique, il nous ferait passer Windows of the world pour une lanterne. (Nick P.)
-Je remarquais juste que c’est paradoxalement dans des maisons ou on s’y attends le moins que se passent les choses les plus intéressantes (Le Rocher, Cherche midi) (Alain B.)
-Markson, client évidemment (même si son entreprise récente commence à tourner au processus), Cantor, essayé Great Neck qui m’est tombé des mains, Thalia Field, connaît pas, mais je vais regarder très vite, McElroy, bien sûr, Grossman, des choses géniales dans Alphabet Man, moins dans le second, je demande à voir la suite, Shelley Jackson, j’avoue ne pas trop savoir quoi en penser. (Scarecrow)
-David Foster Wallace, comme dirait l’autre, à mon avis c’est une affaire qui fait Pschiit…..(Jean-Yves N.)
-Des contacts avec des écrivains ? Courants. J’en ai rencontré beaucoup pour les Unproduced, d’autres pour l’anthologie que je prépare. Chapeau en tout cas pour le Lot. (Enderby)
-Le titre de la pièce est certainement Drinks before dinner. (Thomas D.)
-Le Chenetier et le Pétillon….of course (Nath)
-Liqueur non taxée….non, c’est juste quelques bribes, qui resteront en cet état, venues d’un autre temps. Pour le fun, quoi (Shark).
That’s it.

mardi, octobre 24, 2006

PAPIER BUVARD


J’évoquais l’autre jour le Children's Hospital, de Chris Adrian, je m’en voudrais de ne pas mettre la lumière quelques secondes sur l’autre grande découverte de McSweeney’s, le People of Paper de Salvador Plasencia. Outre le plaisir, toujours renouvelé, de mettre la main sur un livre à la forme bousculée (Visuellement, on croirait à 245 pages tombées de La Maison des Feuilles), de retrouver un livre dans lequel les personnages résistent à l’auteur, mènent leur vie propre, indépendante, luttent pour leur libre arbitre, celui de tomber (enfin) sur un univers totalement nouveau dans lequel le style et l’imagination de Plasencia nous emmène pour un voyage dont on se souvient, longtemps, très longtemps. Saunders n’arrête pas de dire et de redire que Plasencia est le meilleur écrivain de la jeune génération – Saunders a toujours raison.

MAIS QUE FOUTENT LES EDITEURS (Part 1)?


Don DeLillo, Great Jones Street, 1973. Drogue, paranoia et Rock’n Roll – Bucky Wunderlick, méga star du rock (Dylan et Morrison) au bout du rouleau échoue dans un appartement new-yorkais lassé des drogues, de la musique, des compromissions, de la gloire, des notes, des mots. Dans l’appartement du dessus, un écrivain qui ne sait plus quoi écrire, dans celui du dessous un adolescent aphasique. Autour de lui, sa maison de disque, Transparanoia, un mouvement terroriste en possession d’une drogue capable de détruire les centres cérébraux du langage. Rumeurs du Viet-Nam, d’une société en ébullition. Conspirations. Une fugue finale dans la zone, un langage qui peu à peu se déstructure, se fragmente. Le plus Pynchonien, et le plus lyrique des romans de Delillo. Toujours inédit en France.

dimanche, octobre 22, 2006

ROADS TO NOWHERE


Where the three roads meet, de John Barth. On y croyait plus...ses derniers livres n'apportaient pas grand chose à l'oeuvre du Maître, celui-ci non plus, on y retrouve nénamoins un plaisir, une invention, une pêche digne de Chimera ou de Lost in the Funhouse. Le nombre 3, la lettre Y, les mythes grecs....les grandes obsessions Barthiennes à nouveau, avec un enthousiasme que l'on croyait perdu. On conseille en particulier la seconde des trois nouvelles, I've been told, dans laquelle l'histoire est elle-même est la narratrice, débordante d'inventivité joyeuse.


The road, de Cormac McCarthy. Après sept ans de silence, No country for old men avait été une déception. McCarthy revisitait ses thèmes avec un classicisme bon enfant pour un roman certes irréprochable mais jamais surprenant. Avec The Road, c'est le retour du maître, qui nous livre peut-être son plus beau roman, une parabole maudite. Situé dans un monde post-apocalyptique proche, en beaucoup plus sombre, de celui de Mad Max II (villes et forêts détruites, corps momifiés, oiseaux et possons morts, nuage de cendre omniprésent, etc), un homme sans nom et son fils prennent la route pour aller voir la mer. Le père a beau assurer à son fils que les gentils ce sont eux, que le bien et le mal existent, qu'il y a une morale, il faut bien survivre. Et quand des gangs de cannibales sont prêts à tout pour vous mettre la dent dessus, il faut bien se défendre. Et sans cruauté, point de salut. Comment rester digne dans un monde ou tout fout le camp, un monde sans Dieu, ou avec trop de Dieux...il faut commencer à se poser la question, les boys. Entre Conrad et Beckett, la langue du père Cormac n'a jamais été aussi splendide, terminale, solaire.

ZOMBIES


Venons-en à ce qui sera l’un des sujets récurrents de ce blog, les « unproduced screenplays », à propos desquels je prépare depuis plusieurs mois déjà une vaste exposition qui devrait voir le jour à Rome au printemps prochain. Heureux possesseur de quelques centaines d’entre eux, j’évoquerai dans les semaines à venir quelques perles de cette collection. Zombies destinés à errer entre deux mondes – ils ne sont pas vraiment littératures et ne seront jamais cinéma, ces âmes en peine valent en effet bien souvent le détour. Prochainement sur votre écran, donc :

-L’adaptation de Milagro (John Nichols) par Leonard Gardner (auteur scénariste de Fat City)

-L’adaptation de The Franchiser (Stanley Elkin), par Henry Gibson pour Robert Altman.

-Le scénario original de Stanley Elkin sur la vie de Robert Capa, écrit pour Michael Ritchie (Smile, Downhill Racer) – et son adaptation de Demon Seed (Generation Proteus) de Dean Koontz.

-Les adaptations de Car (Harry Matthews) et de Pourquoi sommes-nous au Viet Nam ? (Norman Mailer) par Terry Southern.

-Les adaptation du Grand nulle part (Ellroy) et de Judge Dredd par James Crumey.

-Le Alien III de William Gibson

-L’adaptation de La Maison de Rendez-vous d’Alain Robbe Grillet par Monte Hellmann.

-Le Ronnie Rocket de David Lynch

Etc, etc.

vendredi, octobre 20, 2006

ANGELS IN AMERICA



Cette fois McSweeney's me bluffe. Autant leur production est parfois (souvent) anecdotique, voire aimablement carabine (influence du papa Eggers?), autant cette fois je leur tire mon chapeau. Rien de carabin en effet dans cet Hopital, dernier vestige de notre terre après qu'elle ait été recouverte par les eaux. Bunker sous-marin, véritable tableau de Bosch (pas Bush) englouti, Titanic éternel, cet hôpital dont les médecins et les patients, guidès par les anges- les esprits de leurs disparus- essaient de mettre en place une organisation post-apocalyptique, est un régal d'invention et de de la première à la dernière page. Telle Odile du Village Voice lorsque je lui demande un livre que je cherche, The Children's Hospital m'a laissé sans voix.C'est le deuxième roman seulement de Chris Adrian (né en 1970), qui montre là une maîtrise ne lui laissant dans sa génération qu'un concurrent (à quelques pas derrière tout de même) : Safran Foer. Concluons en notant combien l'influence de la littérature sud-américaine et du réalisme magique revigorent les jeunes générations américaines - transfusion d'un sang abondant, riche, noir. On voudrait bien en dire autant des jeunes français, n'est-ce pas Yann? Je vous laisse, je vais de ce pas me plonger dans gob's grief.

jeudi, octobre 19, 2006

REBELLES CARNIVORES


Un monde ou l’horreur, le monstrueux et le quotidien cohabitent en sympathie. Une famille comme les autres. Le père, un politicien corrompu, est en prison. Le fils, ex star du petit écran, est à la ramasse depuis qu’il ne double plus le rat qui l’a rendu célèbre. La mère, elle est digne de celle de Requiem for a dream, addict aux tranquillisants, toute la journée devant la télé, le visage rongé par les tics. Heureusement, il y a Chagwa, un monstre sorti d’on ne sais ou qui, à la façon de Lunar Park, sème une terreur mondaine en ville et hante, inconscient incarné (comme on le dit d’un ongle), le quotidien de cette famille en décomposition. Le surnaturel, l’inquiétant, les monstres sont partout, ils se glissent comme si de rien n’était au milieu d’un roman qui tient à tout pris à rester réaliste, semblent appartenir à une normalité et à un quotidien suffisamment monstrueux pour qu’on ne les remarque pas plus que cela, avant de soudain, provoquer un changement de ton aussi brutal qu’inattendu, la comédie déjantée et étrange se faisant soudain inquiétante, sordide, macabre. Carnivore’s Diet, de Julia Slavin, un premier roman malade à ne surtout pas manquer.

Hier, Michael Drinkard nous livrait avec Disobediance le meilleur roman sur la Californie depuis Vente à la Criée et Déjà Mort, l’histoire d’une famille, depuis la création d’une plantation d’orange au dix-neuvième siècle par une grand mère borgne, ex strip-teaseuse dont le mari, impuissant, fertilise la vallée à défaut de fertiliser sa moitié, jusqu’au milieu du XXIème siècle. Une merveille qui nous contait l’histoire de la Californie, détaillant toutes les techniques de plantation, n’oubliant ni les hippies ni la cocaine, multipliant les formes et les structures avant de verser dans une science fiction de bon aloi. Aujourd’hui avec Rebels, turn out your dead, il post-modernise la révolution américaine en nous contant l’histoire d’une famille de fermiers, dont le père est un fumeur de pétards invétéré, partant en vrille après que le fils ait assassiné un officier anglais. Picaresque, surréaliste, énorme, cette fresque nous fait revivre le temps des colonies anglaises, des pirates et des indiens avec un ton, un style, une langue on ne peut plus moderne, violente, brutale.

Et puisqu’on parlait, il y a peu, de super héros, à suivre, le Superpowers de David J.Schwartz, l’histoire de cinq copains qui, après une soirée bien arrosée découvrent soudain qu’ils ont des supers pouvoirs. Devenir des super héros, soit, mais que faire quand il n’y a pas de super vilains ? On attend cela chez Three River Press.

mercredi, octobre 18, 2006

IM MEMORIAM


No More Rumba
No Bright Blue Robins' Egg
No Abracadbra...

Tsaurah Litzsky

LES CARNETS DE NOTES DU DOCTEUR CERVEAU


Après le très bon Coyote Kings of the Space-Age Bachelor Pad, le canadien Minister Faust, le Neal Stephenson des sous-cultures, est de retour avec From the Notebooks of Dr Brain, qu’on attend pour janvier prochain avec des fourmis dans les doigts, dans les mains, et même dans les épaules. Jugez-en plutôt : après avoir mâté dans les années 50 la grande alliance des criminels, repoussé durant les sixties une tentative d’invasion extra-terrestre, survécu tant bien que mal aux années 70, enfin exterminé tous ses ennemis dans les années 80, L’Ordre Fantastique de la Justice traverse une mauvaise passe. Ses Super Héros périssent d’ennui. A tel point qu’ils commencent à sombrer, à boire, finissent par faire n’importe quoi et, ce faisant, à menacer eux-mêmes l’ordre et la sécurité du monde. La seule à pouvoir empêcher ce désastre : Docteur Brain, la psychothérapeute la plus douée de sa génération. A peine entre-t-elle en fonction qu’un doute la saisit : et si cette épidémie de dépressions, de désordres de la personnalités et autres suicides chez les super-héros était une conspiration ? Quand aux super héros, ont-ils plus à craindre d’un tueur en série ou d’une thérapie de groupe ? Waow….

TRESORS CACHES (Part 1)


Désordres ? POL ? Lot 49 ? Tristram ? Qui osera en France publier le légendaire "Wilson: A Consideration of the Sources, Containing the original Notes, Errata. Commentary and Preface to the Second Edition" du tragédien David Mamet ? Un incroyable « roman » : les pages d’un Danielewski qui se seraient, en vrac, envolées dans l’Interzone, avant d'être commentées par le Kinbote de Feu Pâle . On peut certes convoquer Sterne, Burroughs, Nabokov, etc….Mamet a un style unique. Imaginez la mémoire collective victime d’un coup de vent interplanétaire et, pour la re-saisir juste quelques feuillets en désordre, miraculeusement conservés, issus d’un internet qui aurait crashé. Un groupe d’érudits du futur, membres du Bongazine, se donnent pour objectif d’étudier la littérature de notre époque, avec pour seul point d’appui la mémoire de l’épouse du président Woodrow Wilson, miraculeusement intacte. Et pour résultat un patchwork jubilatoire de méta-commentaires, de notes de bas de pages complètement hors du coup, de fausses interprétations, citations tronquées, et autres fausses pistes, ou la culture populaire est traitée avec les égards d’ordinaire réservée aux chef-d’œuvre. Il faut bien cinquante pages pour rentrer dedans, puis on le lâche plus. Un coup de maître passé totalement inaperçu, les critiques anglais se sont demandés si c’était le chef-d’œuvre de Mamet ou juste une pochade pour le fun. (On peut leur répondre : c’est les deux à la fois.) Quand aux critiques américains, ils n'ont même pas compris les blurbs.

http://mamet.eserver.org/review/2000/wilson.html





Autre trésor caché, le Some Instructions to My Wife Concerning the Upkeep of the House and Marriage, and to My Son and Daughter Concerning the Conduct of Their Childhood, de Stanley Crawford, une fabuleuse charge explosive sous la forme d’un manuel visant à assurer la tranquillité paternelle. à l’usage de la femme au foyer et des enfants. Le livre à une vingtaine d’années, Crawford n’a rien produit de bien convaincant depuis (son Petroleum man avait l’allure d’un JR de Gaddis revu et corrigé par François Nourissier) mais celui-là reste aussi irrésistible que subversif.

http://www.centerforbookculture.org/dalkey/backlist/crawford.html

MAUVAIS SINGES


Matt Ruff, de Seattle, a 41 ans. Il lui reste donc 82 ans pour battre le record de longévité. Il vient de rendre la copie finale de son nouveau roman, Bad Monkeys, à son editeur, HarperCollins, pour une sortie en juillet prochain. Bad Monkeys nous raconte l’aventure d’une jeune femme arrêtée pour meurtre qui prétend appartenir à une société secrète,les Bad Monkeys, dont l’objectif est d’éradiquer le mal de cette terre, en assassinant ci besoin est. Alors qu’elle révèle au psychiatre charger de l’examiner tous les messages secrets cachés dans les mots croisés, les actualités, la vie quotidienne, par lesquels communiquent les membres de cette étrange fraternité, celui-ci en vient à se demander si vraiment elle affabule. Après le petit chef-d’œuvre qu’était Sewer, Gas & Electric, et l’affreux pensum Set This House in Order, on attend celui-ci avec une impatience non feinte.

UNE LIQUEUR NON TAXEE, FABRIQUE DE SATAN



L’homme en blanc retira d’un coup sec le masque chirurgical et le visage de Judd apparut.
-Flippant, non ? Et encore, il manque la musique, je pense à du Chosta, ou un truc du genre. Mahler, peut-être.
-Revois un peu l’éclairage aussi, les murs de béton c’est voulu ?
-Je sais, je sais. J’ai fait des prises de vues chez mon beau-frère, il a une chambre froide, une espèce de frigo industriel, 20 mètres carrés de surface métallique, tu vas voir, quand ca sera monté, ca aura vraiment de la gueule !
-Alors, c’est quoi ta merveille cette fois ?
-Slick Gomez, Amigo !
Pourquoi Samuel Beckett ?
-Slick Gomez ?
-Ca te dis quelque chose ?
-Rien.
-Tom Robbins .
Pourquoi une autopsie ?
-Tom Robbins ?
-Unproduced de Still Life with Woodpecker, adaptation du roman de Tom Robbins par Slick Gomez, il est signé deux fois, Robbins et Gomez, tu peux le constater toi-même, c’est la même écriture.
Judd était maintenant à son bureau. Il avait abandonné sa défroque orientale de la veille au soir pour son enveloppe coutumière, un physique des plus classique, juste milieu entre Brad Pitt et Ernest Borgnine. Derrière lui, autour de lui, des livres, partout, du sol au plafond dans ce décor grandiloquent de manoir anglais qu’on ne s’attendait pas à trouver dans un sous-marin allemand. Parce que selon Abbie, Judd habitait un sous-marin allemand échoué sur les côtes écossaises durant la seconde mondiale. Il ne fallait pas toujours prendre ce que disait Abbie pour argent comptant mais, et Le Duke en avait fait l’expérience, plus ses propos semblaient incroyables, plus ils avaient des chances d’être vrais. Au moins ceux dont Abbie se souvenait le lendemain.
-Pas mal, hein Beckett, j’ai aussi Burroughs, Hemingway, et je scanne Pound et Joyce. Page d’accueil personnalisée, enfin plus ou moins, selon les clients.


Les lendemains avec Abbie étaient toujours difficiles, mais lorsqu’il maintenait, à jeun, la version de la veille, ce qui avait été le cas pour cette histoire de sous-marin, il ne fallait pas le pas le prendre à la légère. Ainsi le jour où il lui avait confié, Le Duke le connaissait depuis peu, qu’il vivait depuis quelques années grâce à une rente viagère établie sur des éditions originales de Thomas Pynchon. Selon la version la plus performante du générateur d’euphémismes, Le Duke s’était montré un poil dubitatif. Le soir même, il faisait la connaissance de Judd, qui lui confirmait la véracité des desdits-dires. Abbie était venu le voir un soir de 1988 avec, sous le bras, les originales signées, et en parfait état, de V, de The Crying of Lot 49, de Gravity’s Rainbow et de Slow Learner. Judd lui avait trouvé un client, resté anonyme. Un contrat avait été établi. La valeur des ouvrages étaient alors d’environ 75000 dollars, un ratio avait été calculé, qui prenait en compte l’espérance de vie d’Abbie, largement évaluée à sept ans par un médecin accrédité, l’augmentation du coût de la vie et la probabilité que Pynchon publie à nouveau dans les années à venir. Car depuis la publication de V, Pynchon ne manquait jamais d’envoyer à Abbie un exemplaire signé de son nouveau livre. Pour quelle raison avait-il droit à cette faveur ? Là-dessus, Abbie était toujours resté muet. Pas vraiment. Ils s’étaient connus à la fin des années 50, Abbie avait accepté d’endosser l’identité de Pynchon pour suivre les cours de Nabokov à Cornell, pendant que le Pynch, descendu sous un nom d’emprunt, au Scrotum Lounge de San Francisco consacrait toute son énergie à mettre au point une arnaque immobilière de grande ampleur, en rachetant pour une bouchée de pain des terrains et des maisons en Californie du Nord à des ménages effrayés à l’idée de voir s’installer dans la région une unité spéciale de l’armée composée d’anciens de Corée ayant appris de soldats chinois, via les unités médicales suédoises engagées dans le conflit, une technique particulière (fondée sur une déclinaison du Xiao Zhou Tian ou Qi Jong du petit cycle céleste), leur permettant de flairer dans un rayon de plus de vingt kilomètres les odeurs caractéristiques des pieds de chanvre femelles, ou bien encore Abbie l’avait tiré des griffes d’un tueur professionnel d’Ankara engagé sous le seau du secret par AV.Roe (concepteur de l’intercepteur bombardier à ailes en delta CF-105 Arrow) pour éliminer tout ceux qui, de près ou de loin, participaient au projet concurrent BOMARC (Boeing Michigan Aeronautical Research Center), un missile guidé sol-air américain à ogives nucléaires dont le Canada, tenu par les accords du NORAD, avait fait l’acquisition, le Pynch, qui avait appris quelques rudiments de turc auprès d’un de ses condisciples de l’Oyster Bay High School, dont le goût pour les pizzas hawaïenne devait inspirer un des personnages de V, finalement absent de la version finale, menaçait alors étrangement son assaillant, dans un turc hésitant, d’ «d’aller faire de l’escalade en barque sur son intestin grêle» si il tentait de s’approcher, deux versions parmi beaucoup d’autres dont Abbie n’avait plus eu aucun souvenir le lendemain matin.


Deux ans après la conclusion du contrat, qui prévoyait une rente annuelle de 15000 dollars, Pynchon avait sorti Vineland, puis Mason et Dixon, enfin Against the day, à chaque fois Abbie avait eu son exemplaire signé, certifié par Mélanie Jackson, agrée par les experts. Les quatre premiers Pynchon signés étaient aujourd’hui estimés à 200 000 dollars, les trois derniers à 75 000 dollars. Abbie avait touché jusqu’ici 255 000 dollars, cela restait une bonne affaire pour le mystérieux investisseur, les cotes des Pynchon s’envoleraient à sa mort et ceux qui bénéficieraient de l’intégralité de l’œuvre signée ne seraient pas légion. Pour l’instant celle-ci dormait dans un coffre numéroté en suisse. Soucieux que sa disparition prématurée ne soit pas l’une des principales variables du deal, Abbie avait en effet soulagé l’investisseur de toute tentation homicide en faisant ajouter une clause au contrat stipulant que les livres ne seraient, quoi qu’il arrive, la propriété effective de celui-ci qu’en 2010, un avenant récemment signé repoussait l’échéance à 2015, date à laquelle la rente prendrait fin, les 15000 dollars annuels étant versés, si Abbie venait à décéder d’ici-là, à un fonds de soutien clandestin aux cultivateurs de marijuana sinistrés. L’observateur non averti, celui que bluffe le sens de l’ordre de l’obsessionnel, la personnalité pleine de surprises du schizophrène, l’autobiographie du mégalomane, aurait pu qualifier cette précaution de sage prudence, c’était pourtant la dernière des qualités qu’on aurait songé à attribuer à Abbie, à moins de vouloir à tout prix mettre un nom sur une version maigre et socialement présentable de l’épouvantable paranoïa dont il était la proie.
Alors Judd dans un sous-marin, pourquoi pas, après tout ?

mardi, octobre 17, 2006

FORGET LOVE





Forget Love.
I want to die
In you black hairs.

Richard Brautigan.

COFFEE HOUSE PRESS


Saluons le travail d’Alan Korblum, le directeur de Coffee House Press (ex Toothpaste Press), fondée en 1984, qui, depuis le Minnesota nous envoie régulièrement de superbes fusées (Laird Hunt, le splendide Garner de Kristin Allio, Gilbert Sorrentino, dont on attend toujours le Salmigondis (Mulligan Stew), annoncé depuis le printemps chez cent pages, la fine fleur de la poésie, etc.).Très en verve aux journées littéraires de Naropa, à Boulder, ou j’ai eu la joie de le croiser au terme d’une conférence passionnante sur la censure, Alan ne tarissait pas d’éloges sur Firmin, roman de Sam Savage, illustré par Michael Mikolowski, l’histoire d’un rat lettré fan de Fred Astaire dans le Boston des années 60, élevé dans la réserve d’une librairie, qui cherche l’amitié du libraire puis d’un écrivain de SF qui fréquente la boutique. Il ne lui manque, hélas, que la parole, pour arriver à ses fins. "Le fait est, je n’ai pas de voix.Toutes ces superbes phrases virevoltent dans ma tête tel des papillons enfermés dans une cage dont ils ne s’échapperont jamais. Mieux vaut en rire qu’en pleurer, ce qu’hélas je ne peux pas faire. Rire non plus d’ailleurs, excepté dans ma tête, ce qui est plus douloureux encore que des larmes."

lundi, octobre 16, 2006

A ROSE IS A ROSE


Plutot que de vous parler d’Only Revolutions (le sumo s’est mit au Mikado ? ), mieux vaut les paroles écrites par Mark Z Danielewski il y a presque dix ans déjà pour sa petite sœur Ann (son nom d’artiste Poe lui colle à la peau depuis le jour d’Halloween ou, adolescente, elle s’est confectionné un costume inspiré du Masque de la Mort Rouge de R Corman)

A Rose is A Rose 
(Lyrics: Mark Danielewski — Music: Poe - 1997)

Jezebel...From Israel,
Who never read a book,
Charmed the literati,
And a smile was all it took.

I was laughing with Picasso,
When she first entered the room,
But Gershwin, Tristan, Tzara,
And Man Ray saw her too.

There was never any doubt,
All would try to take her home,
But she refused their every move,
Preferred to be alone.

And a rose...A rose is a rose.

Zelda had a breakdown,
Fitzgerald hit the bar.
His hand was broken, words were spoken,
Didn't get too far.

Hemmingway was smoother,
More debonaire and fun,
But he would say her repartee,
Was meaner than a gun.

Chorus:
And a rose...

A rose is a rose is a rose is a rose is a rose...
Said my good friend Gertrude Stein.
She knows that I go to the ol' Deux Magots,
And I drink Pernod through the night.

Jezebel...From Israel,
Who never read a book,
She charmed the literati
And a smile was all it took.

Before her Joyce will babble,
And Pound has gone insane,
Eliot is paralyzed by,
Thoughts of April rain.

When she refused Lenin,
He vowed to start a war.
Stravinsky beat The Rite of Spring,
Right there on the floor.

Chorus

And then one night she's missing,
A riot soon began.
No one could stand the thought of Jezzie with another man.

I raced down winding streets,
I broke into her house.
You never guess who Jezebel,
Was kissing on the couch.

A rose...A rose is a rose...

Hi Jezzie. Hi there, Gertrude.
Am I interrupting something?

A rose is a rose is a rose is a rose is a rose...

UNE LIQUEUR NON TAXEE, FABRIQUE DE SATAN


Le Senso était bondé à cette heure de la nuit. Une interminable cover pirate de Starman chantée par un Lou Reed en plein trip planait au dessus du brouhaha ambiant. Elle était en vente à la caisse, comme tout au Senso, ou presque.
-Du néo-nineties. Arrière-garde à crever. Je crois que je vais laisser ça un bon moment, non ?
Katz, le tôlier, était fier de la nouvelle déco, murs sol et plafond uniformément noirs, bar chaises et tables chromées. Ces quinze derniers jours, les murs du Senso avaient successivement été habillés de bois, d’un damier jaune et bleu, de montres molles, transformés en drapeau japonais, crépis, de briques, en pierres apparentes, Katz avait tenté un revival fifties, couleurs jaunasses et tables de formica, l’effigie lumineuse du Che Guevara s’était promenée de table en table, puis celle de Ann Rand, le Senso avait été bar exotique, bar de l’espace, cyber café eighties (Vic 20 et TI 49), un repaire de pirates, têtes de morts, filets et gouvernails, perroquets et jambes de bois, une caverne préhistorique, une taverne médiévale, quoi encore. Katz mailait l’information dans la journée, certains clients jouaient le jeu, d’autres non, d’autres encore, qui avaient eu une journée chargée, venaient comme ils étaient venus la veille, parfois Katz oubliait d’envoyer les mails, on croisait des nudistes entre deux igloos, des chevaliers en armure dans la salle de contrôle de la NSA, des Men In Black taillaient la bavette à des vélociraptors, une poignée de Ronald Reagan sirotaient un verre en compagnie de Hell’s Angels. Punks de la veille et hommes préhistoriques du jour se côtoyaient dans cette joyeuse anarchie qui faisait tout le charme du Senso. C’est le Duke qui avait lançé l’idée de l’uniforme, feutre blanc, lunettes noires, blouson de cuir sur T-Shirt Caballero, pantalon Cargo, chaussures Coston, quelques soient les circonstances, cela faciliterait les choses, avait-il dit, en leur épargnant à Nova et à lui les fastidieuses tentatives d’identification, qui semblaient tant réjouir les autres clients du bar. Il ne lui avait pas été nécessaire d’évoquer l’autre raison, besoin vital de stabilité, Nova avait compris. Au Senso, on les prenait pour des originaux, des mecs qui faisaient tout pour se faire remarquer. Venant d’aliens baveux ou de Hulks en smoking, la critique se faisait compliment.
-Honnêtement Katz, je préférais Tanger.
Tapis de sol, tables basses, narguilés, abats jours octogonaux en verre émeraudes, machines à écrire Blickensderfer N°5 sur les tables du fond. C’était deux jours plus tôt.
-Ouais, je m’en doute. Ton binôme aussi.
-Il est là ?
Katz, crête rouge électrique sur impeccable costume havane trois pièces, désigna du menton le fond de la salle.
-était en train de préparer quelque chose contre les réseaux de Flint Ltd. L’unité centrale est à Zurich, elle fonctionne en duo avec une à Bengalore..
-Il n’y a pas d’employeurs. J’agis seul cette fois.
-Je n’aurais jamais cru que tu…
-…à déclenchement synchronisé sur le premier cycle d’ovulation….
-Une info gratuite ??!!
En fendant la foule, Le Duke se demanda si il allait continuer à donner ses rendez-vous au Senso. Il fallait être prudent, veiller à la trajectoire, éviter les écarts, ne pas en rajouter. Aussi sympathique fut-elle, l’instabilité du Senso ne lui convenait guère en ce moment. Peut-être plus tard, quand à nouveau il serait branché sur quelque chose de suffisamment…..et il commençait à y avoir trop de monde ici. De la continuité, voilà ce qui lui fallait. Payer Katz pour que le Senso prenne l’aspect, quand il y venait , du bar du Raphael ? Envisageable. Envisageable mais coûteux. Katz ne se priverait pas pour mettre aux enchères la tranche horaire. Le Duke pensa au Tchat, plus classique, beaucoup plus classique, une clientèle d’affaires plutôt grise et sans surprises dans un salon à l’anglaise, immuable, le droit d’entrée était abordable. Il s’en foutait après tout de la clientèle, il avait rompu le contact avec l’essentiel de ses réseaux depuis son arrivée à Paris, la fréquentation de Nova lui suffisait.
-sucé à mort par
-intégrer une fonction de clonage graphique dans le…
Un cri atroce déchira les murs du Senso. Un cri de femme. Personne ne sembla y prêter la moindre attention. Le Duke : frissons dans le bas du dos. A nouveau le hurlement résonna, plus fort encore, une douleur insupportable. Pas un sourcil ne se leva autour de lui. Le Duke mit quelques secondes avant de comprendre que le cri lui était exclusivement destiné.
-Linnea Quigley.
Nova était allongé sur ce qui restait d’une chaise longue après que le design nineties se soit emparé du concept.
-Linnea Quigley, l’impératrice. Sorority Babes in the Slimeball Bowl-O-Rama. David Decoteau, 1988. DeCoteau Quigley, le ticket gagnant. Elle peut s’aligner ta Monique Gabrielle. Faudrait pas mal la tronçonner avant qu’elle pousse un cri de cette pureté.
Un autre cri résonna alors que Le Duke prenait place face à Nova, la voix d’une autre femme, juchée sur le même barreau de l’échelle de l’effroi.
-Monique Gabrielle, laisse moi rire. La grâce d’une truie qu’on égorge. Là, c’est sans comparaison, non ?
Et à nouveau le premier cri, toujours aussi atroce.
-Linda…
-C’est bon, c’est bon, j’admets tout ce que tu veux, mais arrête ça, j’entends déjà les zirènes des vlics.
La semaine précédente, Nova lui avait envoyé Transylvania Twist, Le Duke, curieux de connaître les scènes de The Terror avec Boris Karloff qui y étaient incluses, voulait le voir depuis longtemps. Devant son incroyable prestation, il avait élu Monique Gabrielle reine incontestée des hurlements. Ce à quoi Nova avait répondu qu’en la matière, elle n’arrivait pas à la cheville de Linnea Quigley. Un débat essentiel sur le sujet s’en était suivi dont les tenants et les aboutissants s’étaient perdus dans la vapeur du cannabis.
-A part ça ?
-Blackout. Rien à l’horizon.
-Hickey and Boggs?
-Bof. Pas vraiment eup le temps.
-Ca s’arrange pas….je te livre DeCoteau sur un plateau, tu réagis pas, tu ne touche pas au Culp…si le lion se met à ignorer les carcasses…
-Ton lion, il aurait plutôt tendance à se groire gaméléon en ce moment.
-Caméléon, c’est parfait…roi post-moderne des animaux. Vive le Caméléon !
-Les changements de gouleurs zont épuisants …Ton gaméléon n’est…
-Fin des années 70, Geffen traine Neil Young devant les tribunaux pour avoir fait perdre 3 millions de dollars à sa maison de disque en sortant coup sur coup des albums « non caractéristiques de Neil Young ». Magique, non ? Être ou ne pas être caractéristique de soi-même…
-polm..
-This is not the question anymore. Le lion est mort, Duke, enterré, exit le marbre, vive les cristaux liquides, l’ère du Caméléon !
-Toujours la solution congggrète au problè, hein Nova, c’est ce que j’aime chez cuc.
-Concrète…Je t’adore Duke, mais qu’est ce tu peux être vieux jeu. C’est quoi le truc ? ALTERNATIF te laisse tomber ? Tu tires ta révérence ?
-On en est pas là.
-On en est où, alors ?
-Aucune nidée.
-InfosJunkies, maux et remèdes…attends voir…voilà…une nouvelle obsession, plus forte, plus dévorante, l’aimant assez puissant pour fédérer la limaille, une obsession. Guide du technoschizo, page 467, verset 2, une bonne obsession, un aimant assez puissant pour fédérer la limaille, l’ultime recours …
-kkh
-…s’agrippent à leur personnalité comme un kamikaze à son manche à balai, le mieux c’est de jeter un œil aux magazines féminins, ils donnent toujours de bons conseils pour traverser ce genre de turbulences.J’ai un schi…
-Le nain qui tronconne les gauffret,eakmojf.
-Hein ?
-grisesJezab heih hihk
-Duke ?
-iojhahleatherfesuuuj
-Ohé !
-gromor excuzif Nova, geai des problèmedks aveciyhmiohi
-(…)
-pudin de sytgiokuj vocal. On laisse trèner khi/. et voilà le l.
-Tu veux qu’on diffère ?
-Non, non, c’est bon. Ca devrait coller sied cette vois. C’est le vil.
-T’es sûr ? J’ai un…
-Je me doutais bien que je te trouverais-là, Duke.
Un jeune asiatique, en survêtement jaune.
-Scouic?
-Je sors de l’entraînement. C’est moi, Judd. Si tu peux passer à la boutique, j’ai quelque chose pour toi.
-Baintenant ?
-Demain soir plutôt, 21 heures ?
-lekhbi,
Et voilà, l’homme en blanc, Beckett, etc.

JIMMY HENDRIX TURNS EIGHTY



2023....une bande de vieux hippies se la jouent sex, drugs, viagra and Rock'n roll avant de se barricader dans un immeuble et d'entrer en guerre, façon Alamo, avec les autorités californiennes, menés par le gouverneur...Drew Barrymore. Vous, je sais pas, mais moi ça me botte! (Et, Kim Gordon est fan!)

LE CROYANT

Sam Lipsyte a passé une semaine avec Houellebecq.....C'est en ligne sur le site de Believer. Je n'ai jamais été un grand fan de Lipsyte. Préscience ou bon goût? Les deux.

http://believermag.com/issues/200610/?read=article_lipsyte

AU BONHEUR DES DAMES






Amusant....Les femmes auraient réagi "très négativement" selon le service commercial de Little brown à la couverture initiale de Diviners, utilisée pour les épreuves. Celles-ci pensaient en effet avoir à faire à un roman d'Heroic Fantasy - risque de confusion, ni une ni deux, plan de campagne, branle bas de combat, bras de fer : Rick tenant à garder son "Conan le Barbare", un petit génie a songé à la mise en abyme - le barbare, soit, mais sur l'écran blanc d'une salle obscure - avec un public visiblement plus nombreux que les lecteurs puisque cela n'a pas empêché l'échec commercial du livre - pourtant plus mainstream, mais bien moins bon que les deux précedents. Y a une justice...non, deux, si je compte bien.

SOFT SKULL



DAVID OHLE : THE PISS TOWN CHAOS.

Après Motorman, 1972, découverte de Gordon Lish, livre culte si il en est auprès de toute une jeune génération d’écrivains, de Brian Evenson à Matthew Derby, et The Age of Sinatra (2004), David Ohle clot sa trilogie avec cette histoire de dictature religieuse située dans une réalité alternative. Entre la fable et le roman absurdiste, ce croisement étrange des mondes parallèles de Ben Marcus et des commentaires politiques de De Lillo vaut évidemment le détour. (On y reviendra)



NICK MAMATAS : UNDER MY ROOF

«Mon nom est Herbert Weinberg. Je sais ce que vous pensez. Ca sonne comme un nom de vieux. C’est vrai. Pourtant j’ai douze ans. Et je sais ce que vous pensez. »

Herbert sait effectivement ce que vous pensez. C’est un télépathe virtuose. Dont le père, épris de liberté et lassé des diverses pressions étatiques a décidé de déclarer l’indépendance de son pavillon. Même si cela doit passer par une guerre avec les Etats-Unis. Il est prêt à tout : la preuve, il vient de transformer un de ses nains de jardins en ogive nucléaire. Alors que l’armée se déploie autour du domicile des Weinberg, qu’un météorologue est pris en otage, et bombardé ministre de l’information du nouvel état, la lubie du père d’Herb commence à faire école : à travers le pays, nombreux sont les pavillons qui réclament à leur tour leur indépendance.

C’est le deuxième roman de Nick Mamatas, après Move Under Ground, sorte de Festin Nu Lovecraftien mêlant Men in Black et écrivains beats, il vient théoriquement de sortir chez Soft Skull – mais semble encore introuvable – visiblement le mariage arrosé de Richard Nash a bouleversé une bonne partie de sa prod. Inutile de dire que je l’attends avec impatience.

Le blog de l'auteur : http://nihilistic-kid.livejournal.com/

dimanche, octobre 15, 2006

UNE LIQUEUR NON TAXEE, FABRIQUE DE SATAN


Tel un chef d’orchestre un peu cabot attendant comme tétanisé les premiers soubresauts de l’inspiration, que sa baguette allait traduire avec la fidélité d’une aiguille de sismographe, l’homme en blanc, immobile, tête basse, masque chirurgical, tenait depuis quelques secondes son scalpel aiguisé à une dizaine de centimètres du corps de Samuel Beckett, nu sur une table de marbre froid, quand soudain, électrique et théâtral, il redressa la tête, le scalpel plongea sous le menton de Samuel Beckett et courut, vif et précis, jusqu’à son pubis. L’homme en blanc avait fait fi de la classique incision en Y au profit de cette longue exclamation qu’heureusement, il ne ponctua pas. Ses lunettes noires donnaient à Samuel Beckett l’air d’un soudeur en retraite. Le Duke mit la main sur un paquet souple de Marlboro aplati, en tira une Camel à la robe froissée et l’alluma à la flamme de son Zippo rouillé. Ce retour en France était une belle connerie. Si l’éclairage était conçu pour mettre en valeur Samuel Beckett, la table de marbre froid et la silhouette de l’homme en blanc, Le Duke devina néanmoins, à l’arrière-plan, dans l’ombre, des murs de béton brut qui semblaient davantage faits pour accueillir le tournage d’un snuff-movie que pour abriter l’exercice de la médecine, légale ou pas. Décalage volontaire ? Clin d’œil, pied de nez et contre-pied, dissonance et relativité, partout la perversité était chez elle, reine du jeu, prêtresse des métamorphoses, elle parasitait les regards, d’une seconde à l’autre changeait la donne : simple glissement de fonds d’écran et, sur une scène de cabaret miteux, après minuit, devant un public payant dissimulé dans l’obscurité, l’art délicat du proctologue perdait soudain de sa noblesse.
A l’aide d’un autre scalpel, l’homme en blanc avait pratiqué de courtes entailles sèches, perpendiculairement à sa première incision, il rétractait maintenant la peau afin de laisser apparaître la cavité abdominale de Samuel Beckett. Le vieux démon hantait encore la ville fantôme. Le pays ou le Duke avait grandi, la France, le seul au monde ou il éprouvait encore aujourd’hui à chaque seconde cette curieuse sensation d’exil. Il écrasa sa Lucky Strike. De la sueur coulait sur ses tempes de l’homme en blanc. Il introduisit sa main dans l’abdomen de Samuel Beckett et en dégagea un objet rectangulaire, épais, sanguinolent, un ultime coup de scalpel rompit les connexions anatomiques qui le retenaient. L’homme en blanc déposa consciencieusement l’objet sur le coin de la table de marbre froid, puis recouvrit d’un drap vert le corps souillé de Samuel Beckett. Un sachet de plastique sanguinolent : il fit coulisser la glissière qui le couronnait et en extirpa un objet enveloppé dans du papier journal, qu’il posa devant lui. Puis il enleva doucement ses gants. Le Duke commençait à trouver le temps long. Une obsession. Voilà ce qu’il lui fallait. Une obsession assez forte pour éviter la dispersion, un aimant assez puissant pour fédérer la limaille, c’est ce que lui avait dit Nova la veille au soir. Il avait raison. L’homme en blanc tira du papier journal un livre à la couverture verte que le Duke reconnut aussitôt, avant même de lire les lettres dorées qui ornaient sa tranche :
Samuel Beckett
Murphy.
C’était la première édition, celle publiée en 1938 à Londres par Routledge & Sons Ldt. Tirée à 1250 exemplaires. En parfait état. Elle ne pouvait valoir moins de 15 000 dollars.

J ERIC MILLER




Decomposition est, avec A Spy in the Ruins, Only Revolutions et bientôt Against the Day, l’un des évenements littéraires de l’année. Après Bloodletting et Fruits of Lebanon l’année dernière (Faites vite, il en reste un exemplaire sur Amazon et l’éditeur a fait faillite), Miller retrouve le style qui faisait toute la force d’Animal Rights and Pornography. Avec cette histoire d’une jeune fille quittant la Floride pour Seattle, le corps de son boyfriend dans le coffre de sa voiture, il poursuit un travail sur l’obscénité, l’abjection, le macabre, propre à faire passer pour une œuvre de la Comtesse de Ségur les plages les plus noires de Brian Evenson. Ce road movie ou l’esprit de la conductrice se désagrège et se décompose à peu près aussi rapidement que le corps qu’elle transporte est sans doute ce qu’il y a de plus plus extrême dans la littérature contemporaine, une œuvre malade et morbide, le miroir idéal à tendre à une société désireuse de se démaquiller. Miroir, miroir, dis moi qui est la plus cruelle. On peut trouver Decomposition cru, certes, comme on peut trouver cru Le Sang des Bêtes de Franju, il ne faut juste pas oublier que c’est la même chose que l’on retrouve cuite chaque jour dans son assiette. Si vous cherchiez pour qui l’expression « sans concessions » a été inventée.




Mention spéciale à Animal Rights and Pornography, paru chez Soft Skull, indispensable exercice de vivisection littéraire.

Jason Eric Miller est le fils d’un taxidermiste. Il a grandi dans une cabane dans les bois du Colorado. Après avoir passé deux ans à enseigner le creative writing à l’université américaine de Beyrouth, il enseigne aujourd’hui à des apprentis scénaristes à Kennesaw State University. Son homonyme, l’acteur Jason Miller, jouait le père Karras dans l’Exorcisme : le hasard n’existe pas.

Le blog : http://jericmiller.blogspot.com



P.S : Quelqu’un m’en dira-t-il plus sur le mystérieux CK Gauntt, auteur de l’intriguant « "the descent of the hands" ?

GABE HUDSON







Vous avez certainement manqué Gabe Hudson, qui, comme George Saunders est inexplicablement publié ici chez Gallimard dans La Noire, aux côtés de polardeux purs et durs, et dont les ventes ne dépassent logiquement pas les 500 exemplaires. Loin de moi l’idée de contester le travail éditorial du directeur de collection, en l’occurrence un fouineur plutôt doué dont le travail ne consiste pas, à l’instar de celui d’Olivier Cohen (Money Money), par exemple, à faire le plus gros chèque à Francfort avant de s’autoproclamer découvreur de talent (merci les agents), je trouve juste cela un rien piquant, comme de trouver Beckett en Harlequin ou Beigbeder en Lot 49. Position post moderne, certes, mais qui prive peut-être les auteurs de leur presse et de leur public. Ou bien.

ETAGERES














ROY KESEY : NOTHING IN THE WORLD

Les aventures tragi comiques d'un jeune croate, proclamé héros bien malgré lui, à la recherche d'une femme mystérieuse dans un pays en ruine, au beau milieu de la guerre entre serbe et croates. Salué Par Georges Saunders, ce premier roman noir et absurdiste, ouvre à un univers réel, quelque part entre Cormac McCarthy et Kurt Vonnegut.

L'auteur, mariée à une diplomate en poste en Chine nous livre régulièrement ses impressions d'extrême-orient sur le blog de McSweeney's : http://www.mcsweeneys.net/links/keseydispatches

Il a également son blog : http://www.myspace.com/roykesey

PATRICK RYAN : SEND ME

Le destin d’une famille plus décomposée que recomposée du milieu des années soixante à la fin des années 90. Points de vues multiples, chronologie en désordre. Un Douglas Coupland qui aurait du talent : du mainstream de qualité.

UNZODINMA IWEALA : BEAST OF NO NATION

La guerre en afrique de l’ouest vu par un enfant soldat. Poignant. Un « Auprès de moi toujours » hardcore.















KELLY LINK : MAGIC FOR BEGINNERS

Quelque part entre les frères Grimm, Zombie et Donald Barthelme, Kelly Link a tout pour devenir la Joyce Carol Oates de la génération Tim Burton. On continue de sourire de bon cœur alors que les caillots de sang jonchent déjà les pages.

Son Site : http://www.kellylink.net/

OWEN KING : WE’RE ALL IN THIS TOGETHER

Le fils du King himslef, Stephen, trouve sa voix dans ce recueil macabre plein de freaks et d’outsiders déjantés.

Son site : http://www.owen-king.com

SAISON DES PRIX LITTERAIRES

Les jurys délibèrent, les primables font la ronde : "GROUPE DE SOMMEIL : Equipe de membres qui exécutent des actes de sommeils mutuels et radicaux, en divers lieux de difficultés diverses. Leur plaisir ne vient pas seulement de leur simple sommeil mais surtout de la contemplation du sommeil des autres. Ces membres ne peuvent copuler, parler, manger qu’à condition d’être dans le champs de dormeurs tourmentés, qui pleurent, gémissent et luttent pour respirer. " (Ben Marcus, Age of Wire and String)

(Ben Marcus bientôt en français, enfin, collection Lot 49, bien sûr - Le silence selon Jane Dark (Notable American Women), en novembre en librairie.)

samedi, octobre 14, 2006

UNE LIQUEUR NON TAXEE, FABRIQUE DE SATAN



C’était par une belle journée du printemps 66, la silhouette argentée, propulsée dans le vide infini, vive comme une comète, puissante comme un soleil, libre comme le vent, avait traversé à toute pompe le cosmos, parcouru une éternité d’années-lumières, slalomé entre les astéroïdes, glissé sur la voie lactée, puis était entrée dans l’atmosphère de cette planète bleue, qui lui semblait réunir toutes les conditions pour satisfaire le grand appétit de son maître, on l’avait vue se poser sur le toit d’un gratte-ciel new-yorkais d’où elle avait émis à travers l’hyperespace une décharge d’énergie afin de signifier à celui-ci que le déjeuner était servi. Affamé, le géant, un méga-circuit intégré bleu marine et violet, étrangement surmonté d’un visage humain, était alors apparu, le temps qu’il sorte ses couverts – des convertisseurs élémentaires méga-puissants, sorte de Mécano ultra-sophistiqué qui allaient lui permettre d’ingérer gloutonnement les ressources naturelles et humaines après les avoir converties en énergie pure-, son hérault avait changé son fusil d’épaule : en taillant la bavette à une jeune aveugle de passage, il venait de trouver la cause qu’il cherchait, une cause qui méritait d’être défendue. “Je me trahirais moi-même si je ne me battais pas pour protéger ce peuple, dit-il. Car ici, sur ce monde solitaire et lointain, j’ai trouvé ce que les hommes nomment conscience.” Ainsi, et contre toute attente, pour le salut de la race humaine, il s’était retourné contre son maître, les deux énergumènes s’étaient frités à gros coup d’énergie synthétisée, les décharges avaient fusé dans tous les coins, un tas de brique, une flamme virevoltante, un homme élastique, une étrange blonde étaient venus à la rescousse de l’esclave affranchi et la petite bande, aidée d’un chauve de vingt mètres de haut, avait réussit à mettre la pâtée au glouton, qui avait finalement décider d’aller recharger les accus ailleurs, non sans avoir auparavant condamné son faux frère à l’exil permanent sur la terre – fini pour lui les virées dans le cosmos, fini de faire l’artiste entre les météores, adieu le grand large sidéral et l’infinie liberté de l’univers. “En trouvant la conscience, j’ai perdu les étoiles”, avait-il dit. Il était dorénavant condamné a errer sur cette terre, étranger dans un monde qui n’était pas le sien. Abbie se souvient parfaitement de sa première rencontre avec le Surfer d’argent, c’est au printemps 1966 dans la Chevy Corvette de Diod, ils taillent la route vers Big Sur au son de la Ballad of the Green Berets (Fighting soldiers from the sky / Fearless men who jump and die / Men who mean just what they say./The brave men of the Green Berets) du sergent Barry Sadler (Les 120 journées de Sodome ne sont décidément qu’une courte préface à l’encyclopédie des perversions humaines c’est ce qu’avait pensé Abbie en apprenant quelques années plus tard de la bouche d’une naine coréenne hémophile la façon surprenante dont le brave sergent aimait parfois à prendre son pied) il a renoncé ce jour là à terminer Crying of the lot 49 que Pynchon vient de lui envoyer, et dont la lecture demande une certaine concentration qui s’accorde assez mal avec la vitesse, l’herbe et la musique, il n’en est plus si sûr, et il s’est rabattu sur la dernière aventure des Fantastiques que Diod a piqué le matin même au kiosque, et dans laquelle apparaît pour la première fois le Surfer d’Argent. Léger pincement en cœur, l’année 1966, tout alors semblait promesse, il y pense maintenant comme à la fin d’un monde, ou plutôt comme à l’émergence d’un monde nouveau, un monde qui n’en finit plus de ne pas finir ; un tableau de la déliquescence qu’un peintre pervers, pris au mot, avait titré insouciance, l’année 1966, les couleurs éclatantes de cet été là, invisibles sur les polaroïds curieusement sépias, les mille parfums d’encens et de patchoulis pour dissimuler l’odeur persistante de décomposition, les cigarettes desséchées qui se brisaient entre les doigts, cette moisissure blanchâtre à la surface du café, l’année 1966 c’était Joe Chip écoutant, le cœur léger, Pet Sounds un après-midi d’été sur une plage déserte, sans penser un seul instant que quelque chose d’atroce était en train de se produire. Le regard d’Abbie est rivé sur la silhouette argentée du surfer, les couleurs sont éclatantes, aussi éclatantes qu’au premier jour, dans cette Chevy Corvette qui, depuis quarante ans, 1966,ne cesse de l’emmener vers Big Sur, la réédition est récente, l’encre à peine sèche, quarante ans plus tard, réédition, restauration, reprises, remix et recyclage, je suis vivant et vous êtes morts, la même chose renouvelée, encore et encore, à l’infini, dans un monde qui n’en finit plus de ne plus finir. Lorsqu’il tend le bras pour reposer la BD sur son rayon, Abbie entends ses os craquer. Dans une certaine mesure, cela le rassure. Cinq minutes plus tard, il prend place dans un cadre qui est le parfait symbole de son rapport au monde – ô non pas une une toile grandiloquente réfléchissant l’Ether et l’Hémera, plutôt une de ces simples petites vignettes qu’un dessinateur barbu et ventru,de ceux que l’on retrouve régulièrement pendus dans leurs greniers, envoie chaque semaine à la rédaction du journal local afin d’offrir aux lecteurs une vision ironique et décalée du monde censée les aider à supporter un peu mieux la misère quotidienne, jugez-en plutôt : Abbie heureux d’avoir déniché la BO de The Mack (Willie Hutch), aux caisses d’un grand magasin, dans une des nombreuses files d’attente, constatant que la centaine de personnes qui patiente avec lui, des blonds, des bruns, des roux, des chauves, des blondes, des brunes, des rousses, des grands, des petits, des vieux, des vieilles, des jeunes, des noirs, des blancs, des jaunes, des homos, des hétéros, des citadins, des ruraux, des catholiques, des juifs, des protestants, des bouddhistes, des riches et des pauvres, des beaux et des laids - une de ces assemblées bigarrées comme on en trouve dans les manifestations pour le respect des libertés, des minorités et du droit à la différence – ont tous à la main soit le Da Vinci Code, soit le DVD du dernier Harry Potter, soit le Da Vinci Code et le DVD du dernier Harry Potter. Regards inquisiteurs des bons citoyens, Abbie sait qu’à poil il ne dénoterait pas davantage. La BO de The Mack (1973), et pourquoi pas une plume dans le cul ?



Depuis qu’il est revenu à LA, c’est souvent qu’il éprouve de curieuses sensations de déjà vu devant ce genre de scènes somme toute banales et quotidiennes. Au début cela l’a inquiété, il a mis un peu trop rapidement la chose sur le compte d’un bug cérébral (Les Dieux dans un surprenant sursaut moral ont décidé de punir quarante années de prises de drogues diverses et variées d’un supplice raffiné - il va finir sa vie aussi décontracté qu’un amnésique sourd et aveugle voué à expérimenter les bienfaits de l’Eternel Retour) avant de réaliser que ces scènes lui sont effectivement familières : elles ont hantés les nuits de ses vingt ans, il lisait alors presque uniquement de la SF et les univers liberticides et aseptisés de ces romans passés au filtre de la paranoïa, relevés d’une pincée d’herbe à 22% de THC, et servis brûlants à la cafétéria onirique avaient engendrés d’effrayantes crises de terreur nocturnes. Il revit aujourd’hui les mêmes scénarios dans des décors à peine moins futuristes, à ceci près que le monde réel et le monde onirique ont depuis échangés leurs places dans le lit conjugal – ses cauchemars sont devenus réalités, ses semblables devenus semblables, et la réalité d’hier, mettons un monde ou 250 000 personnes manifestaient à Washington dans la fumée d’herbe contre la politique gouvernementale avant d’aller le soir écouter Jim Morrison et de passer la nuit à faire l’amour, est devenu un rêve. Dan Brown, Harry Potter, Dan Brown, Harry Potter, Dan Brown Harry Potter, il a une pensée furtive pour George Lucas, se retient de cracher par terre, est prit d’un accès de panique, pose la BO de Mack sur le premier tas de Grisham venu et quitte le magasin sans demander son reste.

AMERICAN PRAYER, Joe Wanderoth




vision to the tired

sniper
muscle

to the humming
grave

diggers

XAN VALLEYS




















"Gravity's Rainbow Demo"

Come on with me through ruined LiPGLOCK
Accross Tangian deserts we'll FLOck
MADcap Medusa Flank my Foghorn
We'll change four seasons with our first born.

All ships of sense on HYPer ocean
All Kytes of chaos still in motion
My culture vulture such a DAB hand
I'll Steal you from the year 4000

Come with me > come with me >>>
We'll travel to INFINITY
I'll always be there : Uh OH : My Fut>re LOVE
I'll always be there > for you : My FUTUre Love

Your tears leave trails of TIK,VAN,LoofAutonoma : the rubix groom hoom
THose crippled lines that I can't get to
would fall through TIMe but i won't let you

CHRISTOPHER BERNARD : A SPY IN THE RUINS





Survivant d’un mystérieux cataclysme, errant dans les ruines d’une cité détruite, à travers les ruines de sa vie enfuie : orphelin, étudiant idéaliste, quinquagénaire aigri rêvant d’une autre vie, vieil homme paralysé, se mourrant seul au fin fond d’un hôpital. Visions d’une jeune adolescente, femme seule, abandonnée, perdue, dans une quête perpétuelle d’un amour toujours déçu.
Portrait d’une société divisée, en guerre, détruite, en quête de sens au milieu du chaos : la nôtre.

Poète, essayiste, dramaturge, Christopher Bernard nous livre un roman attendu depuis près d’une dizaine d’années – un flot et un flux de conscience onirique zébré de lyrisme, une langue électrique, sous tension permanente, des pages hypnotiques : certainement le premier roman le plus original et le plus mémorable de cette année 2005.